LE ROI DES BELGES |
(Troisième
et dernier extrait de mon livre)
par
Madame
Olive MUIR (de TAVISTOCK),
sujet
britannique.
Il
y a quelques mois, je me suis permise d'envoyer en Belgique certains extraits de
mon modeste ouvrage pour prouver ma sympathie envers un peuple courageux, qui a
provoqué toute mon admiration en raison de la résistance qu'il a opposée à
l'envahisseur qui .menaçait son indépendance, et en hommage de réparation
pour la sinistre injustice qui fut commise envers la Belgique à l'époque et
qui se poursuit depuis lors. Comme
sujet britannique pleinement au courant des faits, je sens qu'il est de mon
devoir de lutter pour défendre le droit contre la force en considérant surtout
que c'est mon pays et la France qui ont rejeté leurs torts sur la Belgique afin
de pouvoir mieux camoufler leur manque de préparation et leurs erreurs. Je
comprends toutes les difficultés qui devront être surmontées pour qu'éclate
la seule vérité qui rendra hommage à votre Roi et à votre armée. Parce
qu'il y a eu, et qu'il y aura encore beaucoup de propagande de l'espèce la plus
vile, des mensonges, des injustices répandus par ceux qui furent vos Alliés,
et qui volèrent à la Belgique, à son Armée, à Son Roi, son héroïque
gloire militaire de 1940, il faut être prêt à réagir. A
l'heure actuelle, je suis forcée de reconnaître que ces voleurs de 1940
essaient de vous frustrer une fois encore ! C'est l'égoïsme individuel ou
national qui dicte ces scandaleux agissements fomentés par des livres, des
shillings et des pence britanniques. Ce
n'est pas parce que je lutte pour vous que je suis déloyale vis-à-vis de mon
Roi et de mon, Pays. Bien au contraire, c'est la preuve même de ma loyauté,
car je combats pour la justice, la Vérité et le Droit. Je
ne puis tolérer que mon pays se dégrade ainsi en sacrifiant une autre nation
dans le but de s'acquérir plus de gloire. Je vous assure que le bien ne peut naître
de cela, c'est pourquoi je veux vous mettre sous les yeux les faits suivants «
Lorsque le monde connaîtra les événements - écrivait feu l'Amiral Lord Keyes
à Lord Gort, le 12 juin 1940 - la responsabilité pour toutes les souffrances
endurées par votre armée, et sa capitulation, seront certainement placées sur
d'autres épaules que celles du Roi Léopold ». Au sujet de l’entretien du Roi Léopold
avec le Général Dill, Lord Keyes écrit : « C'est en raison du gros effort du
Roi pour soutenir le Corps Expéditionnaire Britannique, que l'Armée Belge
menacée sans cesse par l'attaque allemande a dû retraiter d'Halluin jusqu'à
la mer, sur un front de nonante kilomètres ». Le 10 janvier 1940, un avion ennemi
fit un atterrissage forcé près des frontières de la Province du Limbourg, et
ceci permit aux Belges d'avoir en leur possession le plan le plus important
concernant l'invasion allemande et l'ordre de bataille. Sa Majesté le Roi Léopold
donna l'ordre d'en informer aussitôt les Ministres de la Défense Nationale
d'Angleterre, de France et de Hollande, ainsi que les Commandants en Chef de ces
Pays. Le 15 mai, le Roi Léopold, avec Sa
lucidité géniale et Sa clairvoyance, Se rendant compte que la situation
devenait catastrophique, informa Ses Ministres que, par suite de la poussée
allemande en direction de la Manche, l'Armée Belge serait coupée, adossée à
la mer et forcée de capituler. Il discuta par après de la situation avec
l'Amiral Lord Keyes et lui demanda d'expliquer cette position à Churchill. Le
Roi Léopold exposa très clairement à l'Amiral Lord Keyes, qu'Il était
exactement au courant de la gravité des faits et que cela voulait dire la
Capitulation pour l'Armée Belge. L'Amiral Keyes remplit la mission dont le Roi
l'avait chargé, mais la réponse reçue de Churchill fut la suivante : « L'Armée Belge doit demeurer en
contact avec l'aile gauche britannique. Capitulation pour personne. Nous
admirons profondément l'attitude du Roi. La percée allemande en direction de
Lille ne doit pas réussir à nous couper de la masse de l'Armée Française.
Mettez votre confiance entière en Gort et en Weygand qui personnifient l'esprit
d'offensive vital pour le succès. » Ainsi donc Churchill donnait des
ordres, se penchant sur des cartes, alors qu'il était parfaitement ignorant de
la position exacte du front. - «
Mettez votre confiance entière en Gort
et Weygand. » Et maintenant, pour continuer,
Churchill avait donné des ordres dont les télégrammes suivants sont la preuve
et qui sont enregistrés dans les archives du Ministère de la Guerre
Britannique : Au Premier Ministre, De l'Amiral de la Flotte Sir Roger
Keyes : « Je comprends les ordres apportés
par le C. I. G. S. (Commander of Imperial General Staff) au Corps Expéditionnaire
Britannique comme équivalant à l'abandon de l'Armée Belge et de la lutte vers
le Sud-Ouest. Stop. Dans ce cas, les Allemands feront
rapidement une percée vers le Nord du Corps Expéditionnaire Britannique, or
l'attaque motorisée maintenant en cours crée une » menace contre le flanc Sud.
Stop. Le Corps Expéditionnaire est très
fatigué, l'encombrement des réfugiés sur les routes rend tout mouvement très
difficile et je suis convaincu que toute réorganisation des Divisions Anglaises
vers le Sud-Ouest de la Région de Lille ne peut être exécutée que lentement.
Stop. Je retourne à Bruges et je ne suis
pas d'avis de dire aux Belges que le Corps Expéditionnaire a l'intention de
les déserter déjà. Stop. » De
Sir Campbell R., (Ambassadeur d'Angleterre à Paris) Au
Premier Ministre, M. Churchill « 1°) Le Conseiller de presse
signale que le Ministre Français de l'Information lui a adressé un appel
urgent demandant qu'il fasse l'impossible pour empêcher que dans la Presse et
la Radio Britanniques on mette l'accent sur les déclarations faites dans les couloirs
du Parlement par l'Amiral Keyes, lequel insiste pour que l'on suspende tout
jugement sur le Roi Léopold et pour éviter que ces déclarations soient même
mentionnées dans les émissions françaises de la B. B. C. 2°) Monsieur Frossard craint que les
vues exprimées par l'Amiral Keyes soient considérées comme un pardon et
incitent donc ici au défaitisme au moment où l'opinion française a été
soulevée de colère (avec comme conséquence une amélioration du » moral) par
dégoût de cette trahison apparente. 3°) Les Milieux officiels français
sont de plus en plus convaincus de la trahison du Roi, mais quelle que soit
l'importance de l'affaire, je compte que vous ferez tout ce que vous pourrez
pour donner satisfaction à Monsieur Frossard. Le Conseiller de presse téléphone
directement au Ministère de l'Information à Londres.
(s.) CAMPBELL. » Le Général Lord Gort demanda à
l'Amiral Lord Keyes : «
Croyez-vous que les Belges nous considéreront comme d'ignobles sales chiens ?
» Le 12 juin 1940, Lord Keyes écrit : « J'ai peur que plus tard les
Belges ne prononcent des paroles très dures si la responsabilité des malheurs
du Corps Expéditionnaire Britannique et de la mise à découvert de son aile
gauche sont attribuées au Roi Léopold. » Voici un autre extrait de la lettre de
Lord Keyes à l'Amiral Gort : « Vous vous souviendrez que je
vous ai dit à ce moment : Pourquoi n'envoyez-vous pas le
Gouvernement au diable et n'insistez-vous pas pour que carte blanche vous soit
donnée pour sortir votre Armée de la situation effroyable dans laquelle elle
est placée par des circonstances indépendantes de sa volonté ». Le 25 mai, au milieu de la confusion générale,
les Allemands lancèrent les tracts suivants : « Camarades, Telle est la situation ! (Un croquis montre comment l'Armée
Belge était isolée et coincée le dos à la mer.) Voici en réponse aux tracts
allemands, l'ordre du jour du Roi : « Soldats, La grande bataille qui nous attendait
a commencé. Elle sera rude. Nous la conduirons de toutes nos forces avec une
suprême énergie. Elle se livre sur le terrain où en 1914 nous avons tenu
victorieusement tête à l'envahisseur. Soldats, La Belgique attend que vous fassiez
honneur à son drapeau. Officiers, Soldats, Quoi qu'il arrive, mon sort sera le vôtre,
je demande à tous de la fermeté, de la discipline, de la confiance. Notre
cause est juste et pure. La Providence nous aidera. Vive la Belgique !
Léopold.
En Campagne, 25 mai 1940. » En 1940, le Roi Léopold était
prisonnier dans Son Pays, et durant cette période de 1940 à 1944, Il soutint
le mouvement de Résistance en Belgique. Je vous en fournirai les preuves dans
mon livre. Le document suivant est la copie du télégramme
adressé à l'Officier Commandant le Bataillon de Fusiliers Belges, le 12 juin
1945, au moment où votre Roi libéré allait rentrer dans Son pays : « Au cas où le Roi des Belges
serait aperçu par votre unité, II devrait être arrêté et notre
Etat‑Major devrait en être informé immédiatement. » Général Commandant le Secteur Sud de
Trèves. (Signé) Général Major MATCHETT. Désignation officielle de l'envoyeur (Signé) A. PELELICK (Capitaine). Durant ces cinq dernières années,
d'autres pays ont tenté de vous voler votre gloire historique. Rappelez votre Roi et vous rétablirez
ainsi la justice, la Vérité et le Droit. La Belgique restera indépendante et
unie, le Congo demeurera à ses côtés, vous jouirez d'une vie nationale longue
et prospère. Il ne faut pour rien au monde soutenir
ceux qui travaillent dans l'ombre et le silence, à la destruction de votre
pays, pas plus que ceux qui, comme Reynaud et Churchill, ont rejeté leurs
faiblesses et leurs fautes sur le Roi des Belges en l'accusant du désastre de
1940. Pour
rien au monde, vous ne détruirez votre Royaume ni votre monarchie, car sinon,
ce serait la République. Si vous ne défendez pas votre Roi,
cette République que par votre faiblesse vous aurez instaurée, vous enlèvera
votre Congo, disloquera votre Pays, et ce sera la fin de votre glorieuse
histoire. Comme spectateur du dehors, qui n'a
aucun intérêt quel qu'il soit dans cette question, mais qui, je le répète,
lutte pour la justice, la Vérité et le Droit, je vous invite tous, hommes et
femmes de Belgique, à vous joindre à moi, à combattre avec moi. Allons de
l'avant, coudes à coudes, avec force et volonté pour la défense d'une cause
juste et pure. « Votre
cause est juste et pure Restez fidèles et reconnaissants à
la lignée de vos Rois, parce que d'autres Pays vous les envient et voudraient
s'emparer de vos richesses, héritage de vos Souverains. Je vous le déclare, vous devez
triompher de ces adversaires et de leurs tentatives de vol. Venez avec moi, en avant et à
l'action, non pas avec des fusils, des bombes ou des tanks, mais bien avec des
paroles et des actes de justice, de vérité et de droit pour votre Pays et
votre Roi. VIVE
LA BELGIQUE ! VIVE LE ROI ! |