Association franco-belge Le Cercle Léopold III

LIGUE ROYALE DES VETERANS DU ROI LEOPOLD III

Site Internet de la Ligue Royale : http://deveteran.skynetblogs.be


 


Le 1er janvier 2005


A Monsieur le Premier Ministre
Guy Verhofstadt,
Rue de la Loi, 16
1000 Bruxelles

Monsieur le Premier Ministre,


Votre message de nouvel an m’a profondément touché. J’y souscris pleinement dans un esprit de paix, de tolérance et de fraternité.
Ainsi que vous le signaliez, notre pays a un pressant besoin de pacification et c’est d’une importance capitale. Tous les Belges ont le droit de vivre en paix dans un esprit de solidarité.
Les médias, à ce qu’il me semble, sont les grands responsables de la diffusion de contrevérités ou de « demi-vérités » par lesquelles l’homme de la rue se voit imposer des idées fausses.
Un journaliste américain a dit : « good news aint’t news »…. par conséquent, seul le sensationnel suscite de gros-titres-à-la-une.

Cette année, notre pays aura 175 ans. Cet événement mémorable sera festivement célébré. La même année, nous commémorerons la fin de la Seconde Guerre mondiale pendant laquelle nombre de nos compatriotes perdirent la vie.

En tant que Belges, nous pouvons nous estimer heureux d’appartenir à un royaume. Nos rois ont toujours veillé à sauvegarder l’unité du pays et la liberté de ses citoyens. Léopold 1er, Léopold II, Albert 1er, Léopold III et Baudouin, prédécesseurs de notre souverain actuel, méritent toute notre estime et nos hommages.

Cependant, il reste encore, dans notre Histoire, une page noire ; elle porte atteinte à l’honneur du roi Léopold III. Jusqu’à ce jour, les médias et d’aucuns qui se targuent d’être historiens portent la responsabilité de la diffusion d’une image incorrecte de Léopold III, laquelle engendre les insinuations malveillantes.

Il y a 60 ans, le roi Léopold III et sa famille étaient libérés de leurs geôliers SS par l’armée américaine. Toutefois, un complot politique les maintiendra encore 5 ans en exil. Le retour du roi…enfin…et de nouvelles intrigues politiques devaient le conduire à l’abdication en faveur de son fils Baudouin.

A mon avis, avis partagé par tant de compatriotes, après 60 années, il est grand temps que, de source officielle, le voile de mensonges qui recouvre cette page noire soit levé, rétablissant ainsi l’honneur de ce grand roi.

Monsieur le Premier ministre, je suis bien conscient du fait que votre agenda doit être fort chargé. Cependant, je vous serais très reconnaissant si vous vouliez bien passer en revue la rétrospective historique ci-annexée.
Les faits, tels qu’ils se sont déroulés, vous permettront assurément d’acquérir une vision claire sur cette pénible affaire.

Peut-être, l’année en cours est-elle la bonne et unique occasion pour, dans un esprit de conciliation, faire un petit pas politique dans cette direction. Les plus de 6000 membres de la Ligue Royale des Vétérans du Roi Léopold III et nombre de compatriotes vous en seront, assurément, très reconnaissants.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, l’assurance de ma considération très distinguée.

Louis Van Leemput
Président National










« ECHEC AU ROI »

Avant-propos : Sous ce titre parut, en 1986, l’ouvrage de Lord Roger Keyes, traduit de l’anglais ; éditions Duculot
(ISBN2-8011-0604-6) ; Ce volume fait suite à « Un règne brisé » (ISBN2-8011-0558-9) paru en 1985
chez le même éditeur.
En 1945, Sir Roger Keyes avait promis à son père, l’amiral Keyes, Lord of Zeebrugge and Dover, peu avant la mort de ce dernier, de faire rendre justice aux yeux de l’Histoire au roi Léopold si gravement calomnié.
Dès le 10 mai 1940, au moment de l’invasion par l’armée allemande, Winston Churchill avait envoyé l’Amiral en qualité d’agent de liaison auprès du roi Léopold, pour ainsi dire, jusqu’au dernier moment avant son hasardeux rembarquement pour l’Angleterre.
L’amiral Keyes est le témoin par excellence des événements dramatiques de la Campagne des Dix-huit jours. C’est, minute par minute, qu’avec le roi il a vécu ces événements.

Remarquons toutefois que, ni les médias ni ceux qui se targuent d’être historien ne se réfèrent à ce document historique remarquable, qui plus est, rédigé par un lord anglais !
Les médias, timorés, restent muets sur le sujet qui ne convient pas à leur presse à sensation…. »Bonnes nouvelles, pas de nouvelle »….

Côté politique, l’on préfère recouvrir cette page noire de l’Histoire de Belgique. Sinon, il y aurait lieu de plaider coupable au nom des dirigeants de l’époque.

REVOYONS LES FAITS ALIGNES CHRONOLOGIQUEMENT :

° 10 mai : l’armée allemande envahit la Belgique ;
° 14 mai : les blindés allemands ont enfoncé le front à Sedan
° 15 mai : à 7h30, Paul Reynaud, président du Conseil français, téléphona à Winston Churchill (1er ministre britannique) à Londres et dit sèchement : « Nous avons subi une défaite, nous avons perdu la bataille ».
° 20 mai : le Roi s’entretient au G.Q.G. (grand quartier général) à Saint-André-lez-Bruges avec les quatre derniers ministres (Pierlot le 1re ministre, Spaak, Vanderpoorten et le général Denis, ministre de la Défense nationale).
Ceux-ci conseillent au Roi de fuir avec eux….autrement dit, le Roi (le Commandant en chef !) devrait abandonner ses soldats…. Il devrait donc déserter !?
Le Roi refuse de suivre ce soi-disant conseil et est déterminé à rester avec ses hommes.
Ce même jour, l’armée allemande achève l’encerclement jusqu’à Abbeville.
L’armée belge, le Corps expéditionnaire britannique et une partie de l’armée française sont entièrement encerclés et coupés de leurs sources d’approvisionnement.
Churchill a secrètement donné l’ordre à l’amiral Ramsey de préparer l’évacuation et le rapatriement du Corps expéditionnaire britannique (opération Dynamo) cependant qu’il laisse, dans l’ignorance, le Roi, l’amiral Keyes et le généralissime le Français Weygand.
° 21 mai : Le Roi, le général Weygand et le général belge Van Overstraeten décident que les Forces belges se retirent derrière l’Yser. Les Forces françaises et britanniques exécuteraient simultanément une contre-attaque en direction sud.
Les généraux britanniques Gort et Pownall arrivèrent plus tard mais doutent de la faisabilité du plan français : les forces britanniques ne sont pas les meilleures et les forces françaises sont totalement désemparées.
Autrement dit, le plan Weygand dépasse, de loin, les moyens disponibles.
Le général Gort était bien au courant du plan de retrait de Churchill mais interdiction explicite lui fut faite d’en communiquer l’information à l’amiral Keyes (émissaire britannique auprès du Roi !).
Le Roi et le général Gort sont d’accord pour le retrait des forces belges jusqu’à la Lys et non derrière l’Yser afin d’éviter l’encerclement des troupes alliées dans le secteur de Lille
° 25 mai : Une dernière rencontre a lieu au château de Wijnendale entre le Roi et ses 4 ministres précités. Ce jour-là, ils sauvent leur peau et laissent le Roi à son sort !
Entre-temps, Boulogne tombe au mains des Allemands.

Le général Weygand fait cette déclaration péremptoire: « La France a abordé la guerre sans disposer du matériel adéquat et sans préparation militaire ; dans de telles conditions, c’était un acte criminel d’avoir déclaré la guerre le 3 septembre »
° 26 mai : Vers 15h00, suivant en cela les ordres de Churchill, commence le rembarquement du Corps expéditionnaire britannique. Churchill envoya un télégramme à l’amiral Keyes qui se trouve à Bruges auprès du Roi, télégramme par lequel il annonce « que les Britanniques et les Français sont en train d’abandonner le Roi et son armée à leur sort ». Ce télégramme n’arriva jamais à Bruges.
Dans la nuit du 26 au 27 mai, la défense belge doit céder face à la pression de deux divisions allemandes.
27 mai : l’amiral Keyes reçoit un télégramme de Churchill annonçant que le Roi peut être informé du rembarquement des troupes britanniques : « Il est temps à présent de mettre les Belges au courant ; nous leurs demandons de se sacrifier pour nous ». (Lisez : de se faire exterminer !)
Ce même jour a lieu la chute de Calais. Le Quartier général français laisse le Roi dans l’ignorance de ce fait….
Entre-temps, la situation de l’armée belge était devenue intenable.
A 15h45, le Roi, après avoir délibéré avec son Etat-major, donne l’ordre d’envoyer un négociateur dans les lignes allemandes avec, pour mission, de demander « à quelles conditions il pourrait être mis un terme aux hostilités ».
Le Roi en informe le général Champon (l’Attaché militaire français) mais ne peut atteindre le général britannique Gort. Dès lors, ce sera le colonel Davy de la Mission britannique qui en informera Londres.
Le même soir, sera radiodiffusé un message du Premier ministre Pierlot comblant de louanges le roi Léopold.
A ce moment, 1,5 million de civils sont surpris dans la zone des combats. Le Roi est conscient que poursuivre la lutte signifierait l’extermination de la population belge.
Le Roi a un dernier entretien avec l’amiral Keyes et lui confie une lettre manuscrite destinée au roi George d’Angleterre.
La réponse de Hitler : « sans conditions ». Dès lors, le Roi adressa à l’ennemi le message :
« Déposons les armes. Cessation du feu le 28 mai à 4 heures ».

28 mai : Le général Weygand en informe le président du Conseil français, Paul Reynaud. Celui-ci est furieux et s’ensuit, à 8h30, son message radiodiffusé par lequel il décrit le roi Léopold III et ses soldats comme des traîtres à leur patrie : « …que l’armée belge venait de capituler, sans conditions, en rase campagne, sur l’ordre de son Roi, sans prévenir ses camarades de combat, français et anglais, ouvrant la route de Dunkerque aux divisions allemandes… »

Sous la pression de Paul Reynaud, le Premier ministre belge Pierlot, prononça, lui aussi, à 18 heures, un discours radiodiffusé, déclarant : «…Belges, passant outre à l’avis formel du Gouvernement, le Roi vient d’ouvrir des négociations et de traiter avec l’ennemi… ».
P.S. : à ce moment, il n’y a plus de gouvernement car tous les ministres ont pris la fuite !
L’amiral Keyes, rentré à Londres, sollicite, en vain, un entretien avec Churchill. Celui-ci refuse de le recevoir et lui défend même de faire des déclarations !
4 juin : A 14h30, le ministre britannique de la Marine annonce que l’ »Opération Dynamo » s’est terminée avec succès.
Churchill avait, jusque là, laissé la population britannique dans l’ignorance du retour du Corps expéditionnaire britannique.
Sous la pression de Paul Reynaud, Churchill, par une allocution radiodiffusée, exprimait des accusations encore plus graves à l’adresse du roi Léopold III.
21 juin: L’armée française capitule et signe une convention d’armistice avec l’Allemagne nazie. Par la suite, la France collaborera avec l’ennemi : le 7 juillet 1940, le gouvernement français décrètera que quiconque qui prendrait du service dans une armée en guerre avec l’Allemagne ou l’Italie est punissable de travaux forcés ou de mort.

CONSIDERATIONS

1. Le Roi et son armée (laissés en plan par les forces alliées) ont vaillamment combattu jusqu’à la dernière limite permettant ainsi à plus de 300.000 soldats britanniques et français de se réfugier en Angleterre.

2. Le Roi est toujours resté en contact avec les alliés, les tenant au courant de ses décisions. L’allocution de Paul Reynaud du 28 mai ’40 est donc une lâche et fausse accusation.

3. En outre, la déclaration du Premier ministre Pierlot en date du 28 mai est un mensonge flagrant : le Roi n’a jamais signé avec l’ennemi une convention d’armistice. Il a uniquement ordonné à ses soldats de déposer les armes afin d’épargner à ses soldats et à la population un massacre inutile.
De ce fait, la Belgique est restée belligérante vis-à-vis de l’Allemagne nazie, cinq années durant. Saisissant contraste avec la France collaboratrice.

4. Il est incontestable que Paul Reynaud et Winston Churchill ont jeté leur dévolu sur Léopold III pour en faire le bouc émissaire dans le seul dessein de dissimuler les défaillances de leur dispositif militaire aux yeux de leur population respective.
D’ailleurs, en 1943 (encore pendant la guerre), Churchill déclara : « Nous sommes entrés en guerre, non préparés et pratiquement sans armes ».
Plus tard, dans ses Mémoires, Churchill s’exprimait à propos du Corps expéditionnaire britannique : « …il ne s’agissait que d’une contribution symbolique… »
Cependant, il oublia de préciser que cette « contribution symbolique » entraîna une nette extermination !!!

5. Durant toute la période de la guerre, le Roi resta attaché aux principes qu’il s’était lui-même fixés :
* s’abstenir de toute activité politique
* refuser tout contact avec la hiérarchie nazie
* à ceux qui venaient le consulter, comme Paul Tschoffen, il leur rappela :
a. que le pays était toujours en état de guerre
b. que les Belges pouvaient uniquement travailler aux indispensables besoins de la population
c. s’abstenir de tout ce qui aurait pu nuire à la cause alliée dans les domaines militaire, politique et
économique

6. Le 19 novembre 1940, à Berchtesgaden sur l’Obersalzberg, eut lieu entre Hitler et le Roi un entretien par lequel le Souverain espérait obtenir une amélioration du ravitaillement et la libération des prisonniers de guerre belges (Francophones pour la plupart).
L’entretien eut lieu en présence de l’interprète allemand, le Dr. Paul Schmidt. Hitler essaya de convaincre le Roi de collaborer ; comme l’on sait, celui-ci ne s’y engagea point. Le Roi s’en revint bredouille. Hitler ne fit aucune concession, les prisonniers de guerre restèrent dans les camps jusqu’à la fin de la guerre et le ravitaillement resta tel
quel, c'est-à-dire mauvais.
Le Führer connaissait la maxime : « divide et impera »…et essaya ainsi de susciter la division parmi les Belges.
A une autre occasion, à propos de Léopold, Hitler eut ces mots : « er ist auch nicht besser als die andere Könige und Fürsten »

7. Lorsqu’en 1945, l’Allemagne capitule et que le Roi est libéré, Churchill donne des instructions secrètes ayant pour but d’empêcher, à tout prix ( !? ), le retour du Roi au pays.
De son côté, le Gouvernement belge tente, coûte que coûte, de démontrer que le Roi et Hitler ont discuté de collaboration à Berchtesgaden. Le Premier ministre Achille Van Acker envoya une commission en Allemagne aux fins d’interroger le Dr. Paul Schmidt emprisonné.
La commission en revint les mains vides et leur rapport en question disparaissait pour toujours…. Il était politiquement inutilisable.
Plus tard, en 1951, certains meneurs politiques auront recours à d’autres moyens pour forcer le Roi à abdiquer, quitte pour eux à devoir marcher en tête de la meute à Bruxelles…

Depuis et jusqu’à présent, les médias et de prétendus « historiens » répandent encore la contrevérité insinuant que le Roi se serait abaissé devant Hitler afin d’obtenir de pouvoir rester roi, ne fut ce que du Limbourg… (cfr : « Een Koningsdrama », édition Manteau, 2001)

Peut-être, ces messieurs n’ont-ils jamais lu les Mémoires du Dr. Paul Schmidt : « Statist auf diplomatischer Bühne 1923-45 » (1949, Athenäum-Verlag Gerard von Reuthern K.G.Bonn) où, à la page 518 jusqu’à la page 523, l’entretien est décrit en long et en large.
Il y a bien sûr avantage à bien posséder la langue allemande…

En tout cas, le Dr. Paul Schmidt est formel : le Roi n’a rien cédé à Hitler ; ils ne se reverront plus.


(s) Louis Van Leemput
Président National
 

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