Un an plus tard, le XII Royal Lancers,
caserné à Wolfenbüttel à 20 km du rideau de fer au sud de
Braunschweig invitait 5 officiers du 1 Lanciers à la Queen's Birthday parade,
cérémonie annuelle
de l'anniversaire de la Reine.
Jeune Lieutenant à l'époque, nous n'avons
pas participé à l'appréciation du Lieutenant-Colonel
Louis Somville, Commandant d'Escadron au 3e Lanciers en 1940 et chef
de Corps du 1 Lanciers.
Toujours est-il qu'une délégation conduite par le Major Mathieu, Commandant en
second,
quitta Duren le 12 juin 1957.
A l'issue d'une parade régimentaire
impeccable mais modeste dans son ampleur, le Lieutenant-
Colonel G.W.R. Monckton, chef de Corps, prit la parole pour rappeler les Fastes du XII Lancers
depuis sa fondation en 1715 et ses pérégrinations dans le pourtour
méditerranéen, Waterloo,
l'Afrique du Sud, Binche, Ypres et Amiens en 1914-1918 et le nord de la
Belgique en 1940. En
termes réservés et simples, il évoqua la fraternité d'armes entre cavaliers
laissant transparaître son
appréciation du voisinage belge qu'il connut en 1940 comme chef de peloton au
5th Inniskilling
Dragoon Guards.
Cette allusion fut commentée le soir entre
«Anciens» et nous fut sommairement explicitée le
lendemain 33. Pendant ce temps, les
deux plus jeunes représentants du 1 Lanciers étaient entraînés
par leurs hôtes du même grade dans l'épreuve bien peu convaincante des charmes
de
« Braunschweig by night ».
Lors d'une commémoration ultérieure, le
chef de peloton de 1940, devenu Major-Général
Vicomte Monckton of Brenchley C.B.E., O.B.E. M.C.
publia une lettre dans le Sunday Telegraph
du 7 octobre 1984, réitérant ce qu'il avait laissé transparaître à Wolfenbunel.
« J'éprouve encore un sentiment de
culpabilité devant les accusations lancées contre l'Armée belge
et son Roi. Comme jeune chef de peloton dans un régiment de cavalerie, j'ai pu
m'échapper vers
Dunkerke grâce, dans une large mesure, à la vaillance de l'Armée belge qui
avait empêché les
Allemands de submerger le Corps expéditionnaire
britannique avant le début de la retraite. Les
Belges nous ont prévenus avec un préavis de 36 heures qu'il ne leur restait pas
d'autres solutions
que de se rendre mais la Grande-Bretagne ne dit jamais au Roi que notre propre
fuite avait
commencé presque deux jours plus tôt.
Après tant d'années, la vérité, première « victime de la guerre » peut maintenant éclater »34.
La gratitude de l'ancien chef de peloton
est paraphrasée au niveau académique par un document
de l'expert et critique militaire bien connu Sir Basil Liddell Hart.
Après avoir ramené certaines assertions à leur
juste valeur 35 et considéré le «Hait Befehl » du 24
mai comme le « saving factor»
du rembarquement de Dunkerke,
l'auteur écrit :
33 Fils d'un membre éminent du Parti Conservateur, le
Lieutenant-Colonel Monckton était-il déjà au courant
d'une altercation entre W. Churchill et son fils Randolph? Le dernier
avait interpellé son père en ces termes:
« Ce que vous
avez écrit au sujet du Roi Léopold III et de son armée n'est qu'un tissu de
mensonges ». W.
Churchill aurait répondu d'un
ton provocant: « Bien sûr que c'étaient des mensonges mais
vous ne devez pas
oublier que l'histoire d'une période est ce que le meilleur auteur
en a écrit. Je suis et reste cet auteur et par
conséquent, ce que j'ai écrit sera considéré comme la vérité ».
Ref: Archiduc Otto de Hasbourg, Naissance d'un continent, Grasset
Paris 1975 rapporté par l'Aumônier
Principal Hre Thils dans la Libre Belgique. Coupure de presse non datée en
archives.
34 KEYES Roger, Echec du Roi Léopold III 1940-1941, Duculot Paris
Gemblous 1986, p 8. Cette lettre au
Sunday Telegraf a été reproduite dans la « Belgique militaire » n? 178 ;
35 LIDDELL HART, Sir Basil Captain, The military Balance - sheet of World War II,
Special
University
Lectures in War Studies, University of London,
novembre 1960 p 2 «
Another post war
paper fight of less
importance» Ref: note (22) ci-devant.
Il